Vous êtes nombreux à avoir eu de chouettes expériences et avoir travaillé sur de très beaux projets. Beaux dans leur impact sur les utilisateurs, dans leur complexité technologique ou business, dans la difficulté de mise en œuvre et j’en passe !
Pourtant vous êtes tout aussi nombreux à constamment vous dévaloriser lors de vos entretiens avec des recruteurs ou des clients quand il s’agit d’en parler. Depuis des années je me pose cette question : Pourquoi ? Est-ce une question de légitimité ? de timidité ? Il existe malheureusement autant de réponses possibles qu’il existe de consultants (dommage pour moi).
Alors non, toi consultant employé ou indépendant tu n’as pas « juste » travaillé sur « des petits projets » ou « un peu chipoter sur le côté ». Tous ces termes ne donnent pas particulièrement envie à ton interlocuteur de te faire confiance et parfois pourront même le faire flipper (il va me prendre un temps de dingue à former, il me baratine qu’il connait quelque chose mais je comprends au contraire qu’il n’y connait rien, etc.).
Que tu sois expert ou non, je comprends parfaitement ta pudeur à ne pas nécessairement vouloir afficher ton expertise et ta séniorité. Néanmoins, le fait de dire que tu as plus de 15 ans d’expérience dans tel domaine ne fait pas de toi quelqu’un d’arrogant ou imbu de lui-même, c’est simplement factuel. Si tu crains d’en faire trop, rattache-toi simplement aux faits (je t’encourages à aller aussi faire un tour sur notre article GIMME GIMME GIMME MORE examples!« ). A l’inverse, que tu sois junior sur la fonction ou avec peu d’expérience dans un domaine ne fais pas de toi un incapable pour autant. Si tu as peu d’expérience mais une volonté de fer, dis-le, mais pense toujours à utiliser un vocabulaire à connotation positive. L’empreinte que tu laisseras en mémoire de ton interlocuteur pendant l’entretien sera totalement différente, crois-moi.
Puis on s’est déjà tous retrouvé face à un recruteur ou un client qui te pose la question qui tue en entretien. La question que tu ne voulais pas qu’il pose car c’est un sujet que tu ne maitrises pas parfaitement ou sur lequel tu as peu d’expérience. Et là, tu commences à stresser, ton sang ne fait qu’un tour et tu pries pour ne pas devenir rouge écarlate. Mais il faut bien répondre. Alors tu te lances, en serrant les fesses, en espérant que ça le fasse :
- Non, euhhh enfin, oui… oui !
- J’ai déjà un peu chipoté avec cette technologie…
- En fait j’ai créé un labo à la maison et j’ai essayé quelques trucs, j’ai pas vraiment pu tout tester car le produit est sous licence et elle coute cher donc j’ai vu de la version de démo mais ça a l’air très bien et j’aimerai bien évoluer là-dessus !
Est-ce que je te fais un dessin ou t’as déjà compris la conclusion du client ?
On va commencer par le basique : l’utilisation de termes comme « Un petit peu », « j’ai bidouillé », « j’ai déjà regardé », « j’ai pas vraiment », « on m’en a parlé » est à bannir ! Ils font brouillon, n’inspirent pas confiance et montrent un certain manque de jusqu’au-boutisme. On est d’accord, ce n’était pas l’objectif.
Expliqué comme ça, pour lui ton labo et tes petits tests, ça ne vaut rien ! En plus il se dit que tu ne vas pas au bout des choses, que tu abandonnes rapidement, bref ton expérience est nulle sur le sujet (soyons alignés, je suis l’avocat du diable, bien évidemment que ton labo a de l’intérêt). Et pour couronner le tout, s’il décide quand même de te prendre, ça va lui couter du temps pour te faire monter en puissance sur la techno. Il passe à autre chose et coche la case nul sur son formulaire (on aime bien le old-school). Donc ressenti global négatif, tu n’as proposé aucune valeur sur cette question, ce qui est dommage.
Tu le comprends bien, si l’entretien se poursuit comme ça, tu passeras vitre du stade héro au stade de zéro !
Ok, c’est peut-être un peu caricatural, mais je t’assure qu’on croise trèèès régulièrement ce type de situation en entretien et pas qu’avec des profils juniors. Les meilleurs seniors tombent aussi dans ce piège.
Ton objectif lors de l’entretien, c’est de prouver au recruteur/client que tu peux lui amener de la valeur. Que tu peux monter rapidement sur des sujets inconnus et que tu ne seras certainement pas un boulet mais plutôt un moteur. Voici une idée de comment aborder cette fameuse question compliquée :
- J’ai effectivement quelques connaissances sur cette technologie, je dois vous avouer que je l’ai appréhendé récemment. C’est une techno qui tend à s’imposer sur le marché pour sa facilité de mise en œuvre et le gain de temps qu’elle procure.
- Afin de découvrir cette techno, je me suis organisé un labo à la maison, j’y ai travaillé quelques soirées et ça m’a permis de comprendre les fonctionnalités suivantes : AAA, BBB, CCC. Dans les jours à venir je m’attaque aux sujets : XXX, YYY, ZZZ.
- Est-ce que vous utilisez ces fonctionnalités ? En utilisez-vous d’autres ? Quels sont les raisons pour lesquelles vous avez opté pour cette technologie ?
- Et dernièrement, si vous voulez un peu de littérature sur le sujet, je vous conseille de suivre M. xxx sur LinkedIn, il aborde régulièrement des sujets intéressants sur cette techno. Ça m’a appris beaucoup de choses très intéressantes, principalement du pratico pratique !
On est clair là-dessus, une même expérience mais deux approches largement différentes et une perception totalement différente pour le recruteur/client.
Il est vrai cependant que tu peux te retrouver dans une situation où tu n’as réellement aucune expérience. ON NE MENT JAMAIS et on peut dire qu’on ne sait pas (ce qui prouve ta capacité à exposer tes limites et les gaps à combler). Néanmoins il existe la technique de la pirouette : tu réponds en posant des questions.
- Pourquoi cette techno ?
- Depuis combien de temps est-elle implémentée ?
- Avez-vous des experts en interne ?
- Aujourd’hui, êtes-vous satisfait de cette techno ?
Ça te permet de réembrayer sur une expérience parallèle où tu as dû appréhender rapidement un sujet méconnu. Tu expliques comment tu as fait pour y arriver, ta méthode, c’est ça qui l’intéresse !
En conclusion, petit récap’ des choses à retenir en entretien :
- Tu bannis de ton vocabulaire les mots et expressions qui font brouillons et à connotation négative qui te dévalorisent
- Tu ne connais pas le niveau de ton interlocuteur sur le sujet donc tu en connais peut-être plus que lui et ta réponse lui suffira largement
- Tu poses des questions pour pouvoir rebondir
- Tu es toujours positif dans ta réponse
- La préparation c’est la clé !
Maintenant à toi de jouer, paroles de Monkey !
Pauline & François